Machine arrière.

dimanche 14 février 2010 § 20 Commentaires

Parce qu’aujourd’hui j’écris pour écrire. Une espèce de marche à reculons si vous voyez ce que je veux dire. Je n’ai clairement pas la motivation pour écrire, je me force à faire jaillir de mes doigts quelques milliers de mots comme une thérapie personnelle quotidienne parce qu’en plus j’ai des choses à raconter et que si je n’en parle pas je risque de les oublier et d’ici un an quand je me dirai « Tiens au fait, il se passait quoi il y a un an ? » et bien je ne le saurai pas. Et ce n’est pas Facebook ou un de ces réseaux à la con qui m’aidera : j’ai besoin de quelque chose qui archive à la date et à l’heure et qui n’omet rien.

Dernière garde à Lariboisière.

Je veux retourner là bas l’année prochaine, j’ai rarement autant pris mon pied dans un stage. L’équipe est excellente, formatrice, exigeante. Je trouve ça important que les gens qui me forment soient exigeants, ça veut dire qu’ils n’ont pas rien à foutre de ma formation, de ce que je fais, pense et dis. Mine de rien, ça motive pour bosser et je n’ai rien refusé de faire même quand il s’agissait de choses ingrates.

Cette dernière nuit a été calme.

Un accouchement en tout début de garde (pour me venger de la dernière fois) avec Zoé, patiente qui nous a attendu toute la journée (les femmes qui arrivent et qui accouchent en 10 minutes c’est un mythe mesdames). Périnée très cicatriciel (car patiente excisée) qu’on a réussi à sauvegarder ! Cela monte le nombre d’épisiotomie que j’ai réalisé à 0 pour l’année scolaire.

Le prochain paragraphe est un peu gore, si vous avez une âme sensible, sautez le à pied joints. Si vous êtes actuellement enceinte aussi. Surtout si vous êtes actuellement enceinte d’ailleurs.

On avait aussi ce soir là une Interruption Médicale de Grossesse. Un petit bébé (23 semaines tout juste) qui est sorti aux environs de minuit et demi. J’ai fait les photos en essayant de le rendre un peu présentable (retirer les caillots, lui fermer la bouche maintenue ouverte par la macroglossie débutante). 23 semaines c’est un petit morceau de 700g et de 30 cm. Rien par rapport à un bébé à terme qui fait facilement ses 3000g et ses 50cm. L’externe déambulait en salle de naissance, on lui a fait peur avec je crois … il faut dire que les sage-femmes ont un rapport souvent un peu étrange avec les fœtus mort. Les bébés morts. Je bute un peu sur les termes parce que je ne peux pas m’empêcher de le considérer comme un bébé alors qu’il n’a jamais déployé ses poumons et n’a jamais crié. Il n’est pas né, il est sorti avec un cœur qui ne battait pas. Et puis ensuite on l’a mis dans son petit paquet (un linceul fait quelques bricoles, un petit bonnet et quelques petites choses pour le faire ressembler à un bébé) et on l’a envoyé par coursier à la chambre mortuaire.

Le reste de la garde, je l’ai passé à dormir sur un lit d’Obstétrique. Il ne s’est rien passé. Pas d’urgence, pas de patiente en travail. J’ai donc dormi trois ou quatre heures.

Je me suis réveillé vers 6h30 et je suis retourné me mettre dans le fauteuil. Le professeur du service est arrivé peu après.

Le professeur : « Et bien, elles sont où les sage-femmes ? » avec un air mécontent.

Moi : « Ben c’est à dire que … » avec un air géné.

L’aide-soignante : « Ya pas de boulot alors elles sont rentrées chez elles » avec ironie.

Il me semble que le professeur n’a pas vraiment goûté l’ironie. Je lui ai fait les transmissions de la soirée (rien en fait) et il est reparti.

Deux des sage-femmes sont arrivées peu après. L’une d’elle est allé au staff, mais moi les staff de Lariboisière je les trouve chiants et sans intérêts.

La troisième je suis allé la réveiller dans une chambre de pré-travail à 8h35. On a pris le thé et un croissant, elles m’ont validé mon stage et je suis rentré chez moi en pleine forme.

Je lis. Je bad. Je bois et je me fais engueuler.

J’ai commencé un des livres qu’on m’a offert pour mon anniversaire. Le chœur des femmes par Winckler, le gars qui a écrit La maladie de Sachs. Je vous pondrai une critique quand je l’aurai fini. Pour ce qui est de mes études c’est un livre intéressant (ça se passe dans un service de gynéco-obs, forcément je comprends de quoi est-ce qu’ils causent).

Ensuite j’ai appelé …

… Et c’est mort. Dommage. La boule qui avait grandi dans mon ventre pendant une partie de la journée s’est dissipée d’un seul coup. Par contre je me suis senti con.

Ce soir là avait lieu la soirée inter-sage-femme de Paris. Trois école, plein de monde.

L’alcool était présent en quantité (comme souvent dans les soirées étudiantes) et j’ai hésité un moment à me mettre en mode déchet. Avec un cœur en morceau de toute façon … (ouais, ça fait tout de suite emo mais ce billet est profondément emo en fait).

Je me suis planté dans les baffles et j’ai dansé comme un possédé avec les gens autour de moi. J’ai dansé pour moi et pour tout le monde. J’ai dansé jusqu’à ce que me pieds refusent de me porter mais ça n’a pas marché. Je n’avais pas mal aux pieds. Stupides pieds. J’ai donc continué jusqu’à me retrouver avec …

… Mais il y a des gens que ça a dérangé. Bon, quand une fille est chasse gardée et n’est pas engagée dans une relation (et est consentante par dessus le marché) je me pose rarement des questions et j’y vais. Et bien il y a des gens que ça  a fait chier. Je croyais que passé 21 ans les gens arrêtaient de se comporter comme des adolescents puérils, mais je dois me fourvoyer.

Mais au moins je me sentais mieux, j’avais le moral et j’avais confiance en moi.

Ceci est un paragraphe de commande.

Et s’intitule « Les chagrins d’amour les plus durs sont-ils forcement clichés ? » sur une commande d’Anne-Sophie qui nous viens de la Réunion mais qui ne devrait pas tarder à rentrer en métropole… Et qui y a fortement intérêt.


Je ne me sens pas de faire une dissertation sur ce sujet là, maintenant, tout de suite. Le souci étant qu’on aurait de quoi écrire un bouquin de 400 pages sur le sujet, bibliographie exclue.

D’abord identifions ce qu’est le chagrin d’amour et l’amour en général.

D’un point de vu strictement physiologique, l’amour est une réaction à un stimulus social qui agit sur les circuits dopaminergiques en libérant des endorphines. En gros on se shoot soi-même avec une came excellente sans qu’il n’y ait beaucoup d’effet secondaire. L’ajout de stimuli sexuels (coïts, onanisme, fantasme) permet de renforcer le réseaux mis en place. On devient donc émotionnellement dépendant à quelqu’un, le voir, le toucher, sentir son odeur, interagir avec cette personne permet d’activer le circuit récompense et donc de s’offrir un petit shoot des familles. Bande de drogués !

Un jour pourtant c’est la rupture brutale. On souffre et c’est normal : c’est l’effet de manque. Les plus durs sont traumatiques (décès, tromperie, se faire jeter comme une sous-merde après une nuit torride) et donc l’effet de manque et le plus terrible.

Le chagrin d’amour c’est donc un sevrage de l’autre. Le cerveau est en manque et doit essayer de trouver sa dose d’endorphine pour survivre.

On ferme la parenthèse scientifique crédible.

Oui, un chagrin d’amour est cliché parce que les conséquences du chagrin d’amour sont clichés. Les divers comportements qui découlent de la recherche d’endorphine sont normaux et se rencontre dans un sevrage brutal d’alcoolisme, de tabac, de drogues …

Quand on se lève le matin on est irritable, il nous faut un truc pour passer. On s’énerve pour des conneries, si jamais on en viens à se lever. On peut se retrouver à errer dans son appart en mode loque pendant un mois. On peut sortir se bourrer la gueule et chercher à dépenser sa frustration en déversant un torrent de méchanceté sur la personne qui nous quitte. On peut engloutir une tablette de chocolat.

La liste des exemples est longue. Oui mademoiselle, quand ton copain te largue, ben t’es en manque et tu fais ce que tu peux pour combler ce manque.

Il convient d’ailleurs de nuancer mon propos. Les chagrins d’amour font également appel aux mécanismes de deuil.

Pour ce qui est de l’aspect psychologique il convient de retenir surtout qu’un deuil est constitué d’étapes et qu’il peut devenir pathologique. La rapidité de ce deuil dépend de l’investissement émotionnel dans la relation et du contexte du deuil.

Ces étapes sont :

  1. Le choc « Martine, je te quitte, tu pues des pieds ! » dit Alexandre.
  2. Le déni ou la négociation « Quoi ? Je ne pue pas des pieds, il ne peut pas me quitter comme ça ! » se dit Martine.
  3. La colère « De toute façon c’est qu’un connard, je l’ai vu qui draguait Ophélie ! » explique Martine à Aude, sa meilleure amie.
  4. La depression « Mais … je l’aimais quoi … bouuuh *snifrl* » continue-t-elle avant de fondre en larme sur l’épaule d’Aude.
  5. L’acceptation « Bah, il était pas si bien … oh il est mignon le gars là bas ! » dit Martine en plantant Aude là pour courir se jeter sur Marc qui vient d’entrer dans le bar.

Ce mécanisme se joue dans toutes les situations, c’est la gestion de ces émotions qui rend justement le chagrin d’amour moins cliché et plus complexe qu’il n’y parait. Cela peut se passer en 15 minutes ou en 10 mois. Cela dépend des personnes. Quelqu’un qui extériorise beaucoup ses sentiments et qui a des tendances un peu brutales peut, par exemple, gifler la personne qui la quitte sous le coup de la colère. On peut même ne pas évoluer vers la dépression et rester en mode colère, commencer ainsi à suivre son ex en préparant son effroyable revanche. Cela colle avec un deuil pathologique.

Le chagrin d’amour, c’est donc un subtil mélange de mécanismes physiologiques et psychologiques. Ce n’est pas un cliché, c’est juste quelque chose de diagnosticable, de quantifiable et d’observable. La composante psychologique et les diverses sensibilités aux endorphine (effet dose) sont également à mettre en jeu.

Il ne faut pas oublier non plus qu’il s’agit d’un mécanisme dynamique.

Et ça m’apprendra à céder aux commandes des fans. J’en ai pour 800 mots quoi. C’est long, surtout vers la fin.

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§ 20 réponses à Machine arrière.

  • ava dit :

    sérieusement, sortir avec une nana bourrée, on ne peut tomber plus bas!!!!!! quel don juan, je reste admirative…. et rêveuse….

    • gromitflash dit :

      Tu étais là ? Tu savais qui c’était ? Tu as vu combien de verre elle a bu ?
      Et d’abord, comment es-tu sûr que c’était une fille ? :p
      C’est con les ellipses, ya seulement les gens qui les ont vécu qui peuvent approcher de la réalité …

  • AC dit :

    Oh voyons, les amis, ne recommençons pas !
    On a vu les photos, on a eu les commentaires peu flatteurs, on a eu les vieux détails dégueu…
    Alors n’en parlons plus.
    Ressasse surtout cet évènement par peur qu’il n’arrive plus ! et souviens-toi que JC Dusse avait finalement raison !
    Pourvu qu’un prochain malentendu te fasse signe bientôt !

    (PS : tu as beau avoir passé 21 ans, apparemment tu restes fidèle à toi même. Alors ne songe pas un seul instant que passé 21 ans, les autres seront plus intelligents que toi et se comporteront en autre chose que des adolescents attardés)

    • gromitflash dit :

      Je plussoie le PS.

      Je reste fidèle à moi-même (en même temps les ellipses semblent le meilleur moyen de déchainer les passions sur ce blog : je note). Encore heureux d’ailleurs. T’imagines quand même pas qu’avec une nouvelle coupe de cheveux, des compliments qui pleuvent et quelques photos dossiers prisent sournoisement par Marine et postées sur Facebook je vais changer de personnalité du jour au lendemain. Je crois qu’on sait tous les deux que ça ne marche pas comme ça.

      Pour ce qui est des autres qui seront plus intelligents que moi, j’aimerai que tu cesses de m’apporter la preuve du contraire un jour. Si je suis un adolescent attardé que les autres sont si intelligents je me demande bien ce que ces commentaires viennent faire ici.

      Pour ce qui est des gens qui passés 21 ans reste des « adolescents puérils », c’est que le fait qu’on fasse connaissance (et qu’on se revoient peut-être plus tard) n’a pas plut à un mec que je connais depuis quelques temps et qui avait des vu sur la demoiselle. A 26 ans ne pas supporter le fait que quelqu’un vous passe devant pour ce genre d’affaire et essaye de monter d’autre gens contre toi parce que « ça se fait pas » je trouve ça digne du lycée. J’aurai dû mettre 25 ans à la place, c’est vrai que ça prête à confusion.

    • Mélanie dit :

      Les amis, j’ai 21 ans.
      Je vis en Belgique. (Je ne sais pas si c’est pertinent).

      Mais avoir 21 ma chérie, (j’appelle tout le monde ma chérie, va pas croire des trucs) n’est un critère de rien du tout. L’âge, est une vague idée souvent trompeuse de la maturité de ton interlocuteur mais en aucun cas une variable fiable.

  • jo dit :

    merci pour ton blog on se marre bien ! et surtout on attend les commentaires de Mélanie déesse de l’égo et Florian dieu du gothique !

  • ava dit :

    oui, je suis bien désolée, je suis bien certaine au vue des photos de l’orgi…. pardon du lupanar, oups qu’est ce qu’il m’arrive! de la soirée chaste et sans alcool ou tu as été que cette jeune femme été lucide, consentante et heureuse!
    juste 2 minis choses:
    1/ je ne suis pas une bombe, loin loin de là, mais je n’ai jamais profité d’un mec déchiré pour me dépuceler la bouche (ou pire)!
    pas marrant l’amour (sic) s’il n’y a qu’un joueur dans la partie.
    2/j’attends avec une impatience sans faille et un désir profond la suite de cette bagatelle sentimentale et espère voir naître d’ici peu, un amour réel, basé sur l’honneur masculin et la clarté féminine, ici, sur ce blog!

    P.S: oui tu penses être supérieur à moi, oui ne nie pas, je le sais, mais tu sais quoi, je m’en contre fiche, je suis pas une vilaine profiteuse de faibles moi …

    • gromitflash dit :

      Ben le principal problème chez toi c’est que tu m’imagines :
      *Puceau (ça c’est certain, toutes tes attaques vont en ce sens).
      *Sérieux (et ça, ça me désole toujours autant).

      Tu as ta moral, j’ai la mienne. Est-ce que j’ai profité d’elle ou elle de moi ? Ca ne te regarde pas, mais je suis sûr que tu as ta version enjolivé à mort avec tes copines parce que ton loisir principal reste de commenter la vie des autres. C’est triste, je préfère sortir m’amuser.

    • diane dit :

      hahaha
      1/ « dépuceler de la bouche » ça ne veut rien dire…
      tu n’es pas une bombe c’est triste…si je peux te donner un conseil trouve une occupation dans ta vie pour arrêter de perdre ton temps à juger les autres…t’étais pas à la soirée, tu sais pas ce qui s’est passé, et c’est elle qui lui a sauté dessus…donc si tu pouvais juste te la fermer ça serait divin, merci d’avance.
      au lieu de te passionner pour la vie d’un geek essaye de profiter de la tienne, bonne soirée ;)

  • Mélanie dit :

    Mais, c’est quoi l’histoire en fait? J’ai presque envie de savoir.

    Parce que j’vois pas trop où est le débat…

    Quelqu’un a embrassé quelqu’un, il est là le truc?

    ….

    Dans ma vie, j’ai l’impression de perdre beaucoup de temps parfois, sur des choses bêtes. Mais je vois qu’il y a bien piiiiire que moi, c’est rassurant.

    Si vous n’avez rien d’autre à faire les doués-pour-la-critique-facile, j’me suis laissée embrasser par un gars qui a une copine, vous pouvez venir me jeter des pierres quand vous aurez terminé ici, j’vous attends. ;p.

    • gromitflash dit :

      Ben j’ai eu du mal à le trouver, il semble que je sois un gros porc mysogyne (bla bla) que je profite honteusement des filles faciles qui boivent dans les soirées, surtout des filles consentantes …

      Ah et sinon je peux te jeter une pierre pas trop pointue ? Moi ça m’embête de le faire et quand on m’en jette pour la même raison ça me fait mal x_x.

  • ava dit :

    tu as raison mélanie, embrasser une fille bourrée,c’est être un looser doublé d’un porc, embrasser un mec qui a une copine c’est être une catin, mais tu souris sûrement rien qu’à l’idée d’en être une …
    la schizophrénie…

    • Mélanie dit :

      Moi, j’ai rien fait, c’est lui la prostituée.
      Et on est tout les deux d’accord sur ce point d’ailleurs.

      Et puis, et alors ?
      Et puis, oui je souris, je préfère avoir une vie amorale que pas de vie. (et toc).

  • Phoenixia dit :

    Je suis abasourdie! Je ne savais pas qu’il était possible de combiner la sainte-nitouche et la sage-femme. Quel genre de femme peut porter des jugements à l’emporte-pièce franchement dignes de dévotes demoiselles d’un âge certain tout en accouchant régulièrement des femmes non mariées, des junkies et d’autres Zoé pas forcément clean dont je passe le détail?

    Honnêtement je souhaite bien du bonheur aux patientes pour ton regard objectif sur leur situation, quant à ton sens éthique, vu ta fascinante capacité à colporter tout et n’importe quoi il n’est pas difficile de douter de ton éthique.

    S’il est un conseil que je puis te donner chère Ava, au lieu de passer ton temps à critiquer les coïts  »illégitimes », tu devrais essayer le coït tout court : c’est d’une part plus plein d’endorphines que la masturbation neuronale ( ET MALSAINE) que tu pratiques, d’autre part ça aura le mérite de foutre la paix pendant quelques temps aux autres qui se déséspèrent de lire une grosse frustrée dont la seule présence est une insulte pour les sacro-saints lecteurs de ce blog.

    A la revoyure, grenouillette de bénitier bienpensante ;)

  • […] de sujet un peu polémiques et de vrai vécu de stage. Ainsi l’article le plus lu est Machine Arrière où je parle de ma dernière garde à Larib, d’une soirée sage-femme et surtout du spécial […]

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